Soutenances de thèses – 2018

Clémence Mahéo | UA | 24 avril | Les opérateurs « faiseurs de parenté » face aux mutations et aux risque de l’adoption internationale depuis 2005

Direction: Yves Denéchère

Les opérateurs de l’adoption internationale en France, c’est-à- dire les Organismes Autorisés pour l’Adoption (OAA) et l’AFA (Agence Française de l’adoption), occupent une place majeure dans le processus de l’adoption internationale. Ils détiennent le pouvoir de donner à un enfant une famille, ils sont des « faiseurs de parentés ». Les mutations de l’adoption internationale confortent l’importance de leur rôle tant dans leur responsabilité à choisir les postulants que dans leur légitimité à les accompagner tout au long de la procédure. Dans un contexte de déclin l’espace dans lequel évoluent les opérateurs, en interaction avec les différents acteurs de l’adoption internationale, devient de plus en plus concurrentiel alors que l’intérêt de l’enfant demeure le but affirmé par tous. À l’interface entre pays d’accueil et pays d’origine, entre postulants à l’adoption et enfants adoptés, les opérateurs sont pris de fait entre les logiques propres à chaque catégorie d’acteurs en présence dans un champ politique et social en constante mutation. Leur système de fonctionnement fait donc l’objet de questionnements notamment sur leurs capacités à s’adapter. Ces réflexions conduisent à s’interroger sur l’efficience des opérateurs, à redéfinir leur rôle et leur place dans leur mission d’accompagnement des adoptants et des adoptés, à réaffirmer leur responsabilité.
Catherine Cartigny | UBS | 15 juin | Tempêtes sur les côtes du Morbihan. Réagir, s’adapter, aménager. Société littorale, Ponts et Chaussées et entrepreneurs face à l’Océan au XIXe siècle.

Direction: Gérard Le Bouëdec

Sandra Jaeggi | UBS | 4 octobre | Du sein au biberon : culture matérielle et symbolique du lait et de l’alimentation des tout-petits (0-3 ans) en Gaule romaine (1er s.av. – Ve s. apr. J.-C.)

Direction : Dominique Frère et Véronique Dasen

Au cœur de cette recherche associant les sources textuelles, archéologiques et iconographiques figurent des petits vases en céramique et en verre dont l’usage est, depuis leur découverte au début du XIXe s.,  controversé. Découverts principalement auprès de jeunes enfants, ces vases de petite forme sont pourvus d’un bec, ce qui a conduit à les appeler biberons ou tétines par les archéologues. Afin de faire le point sur l’usage de ces vases, leurs mentions dans les sources textuelles grecques et romaines ont fait l’objet de nos recherches. Des analyses chimiques portant sur le contenu des vases ajoutent à l’investigation. Composant unique ou mélange ? Des parallèles ont été recherchés dans les traités médicaux de l’époque romaine. Une recherche iconographique des biberons complète notre démarche.
Un second volet porte sur le lait et sa production dans le corps humain et animal. En raison de sa formation naturelle, ce fluide corporel et sa fonction nourricière ont fait l’objet de théories chez les médecins et philosophes de l’époque grecque et romaine. Cette dernière fonction nous a conduite à considérer la physiologie et les soins des enfants : quelle est leur constitution ? Quelles sont les maladies qui les touchent spécifiquement ? Comment les soigne-t-on ? Quelles sont les pratiques liées à l’allaitement et au sevrage ? Lait maternel ou lait mercenaire ? Comprenant un volet archéologique et funéraire, notre recherche interroge sur l’âge au sevrage et sur les éventuels rites de passages liés à cette
étape.
Coline Loison | LMU | 9 octobre | « Tuez le cancer! Avant qu’il ne vous tue… » La politique de lutte contre le cancer dans l’Ouest de la France, (1920-1960).

Direction: Nathalie Richard et Hervé Guillemain

Cette thèse analyse la mise en place de la politique de lutte contre le cancer dans l’Ouest de la France, entre 1920 et 1960, à travers ses enjeux scientifiques, politiques, sociaux et économiques. Il s’agit d’interroger, dans un premier temps, les conséquences de la mise en œuvre de cette politique au niveau national, notamment au travers des actions de la Ligue et de la politique de prévention menée par le gouvernement. Dans un second temps, un travail plus localisé sur les Centres de Lutte Contre le Cancer de l’Ouest (Nantes, Angers et Rennes), permet l’étude, cette fois-ci à l’échelle régionale, de l’application de la politique de lutte contre le cancer. La grande proximité géographique de ces trois centres fait de ce territoire un exemple particulièrement significatif, permettant de comparer leurs fonctionnements et d’étudier leurs interactions. La création et le fonctionnement de ces trois centres sont analysés en parallèle puis par analogie afin de comprendre dans quelle mesure la politique de lutte contre le cancer a été appliquée localement. Dans un dernier temps, il convient de s’intéresser aux individus touchés par cette politique via l’étude des dossiers de patients. Parmi les différentes archives utilisées, les dossiers de patients du centre de Nantes ont permis de faire conjointement une analyse quantitative et qualitative des patients. Le parcours de ces personnes et leurs témoignages apportent une dimension encore largement méconnue de la prise en charge des malades du cancer à cette époque.
Margreet Dieleman | UA | 17 novembre | Le baptême dans les Églises réformées de France (vers 1555-1685) : un enjeu confessionnel. L’exemple des provinces synodales de l’Ouest

Directeur: Didier Boisson

A partir de 1555, le catholique royaume de France connaît l’implantation d’Églises dites réformées selon l’Évangile. Opposés sur de nombreux sujets théologiques, catholiques et réformés reconnaissent toutefois mutuellement la validité du baptême reçu dans l’autre confession. Cette thèse explore la réalité de cette reconnaissance mutuelle et l’apport du baptême à l’identité réformée, en privilégiant les sources des provinces synodales de l’Ouest. D’une part, elle s’appuie sur une étude de textes (Confession de foi, Discipline ecclésiastique, la Forme d’administrer le baptême, catéchismes, sermons…) et de la controverse religieuse. D’autre part, elle s’intéresse à la pratique à travers des registres de baptêmes, délibérations des consistoires et actes de synodes, ego-documents, l’iconographie et la réglementation royale. Les principales tensions concernent d’abord les cérémonies du baptême catholique, pour ensuite se cristalliser autour de la doctrine catholique de la nécessité absolue du baptême pour le salut des enfants, révélant en parallèle des divisions internes aux réformés. Le « rituel » du baptême, selon les textes et des récits d’observateurs, reflète une sobriété de la liturgie. La présentation des enfants au baptême par des parrains et marraines est soumise à des règles précises sous le contrôle des consistoires ; elle sert ainsi la cohésion de la communauté. Les actes de baptêmes révèlent un vocabulaire et des modèles de parrainage particuliers, tandis que la préférence pour un prénom de l’Ancien Testament n’est que partiellement confirmée. Le pouvoir royal se sert du baptême comme instrument dans sa volonté de ramener les réformés à la foi catholique, avant de l’interdire par l’édit de Fontainebleau (1685), révoquant l’édit de Nantes. Les résultats montrent le baptême réformé comme élément d’une identité confessionnelle réformée.
Sara Graveleau | UA-Bayreuth | 1er décembre | « Les hérésies sont d’utiles ennemies ». Itinéraire d’Henri Basnage de Beauval (1656-1710), avocat de la République des Lettres et penseur de la tolérance civile.

Directeur: Didier Boisson

Henri Basnage de Beauval (1656-1710) est né dans une famille protestante de la noblesse normande. Arrière-petit-fils, petit-fils, neveu, cousin et frère de pasteurs, il choisit pourtant de devenir avocat, à l’instar de son père, Henri Basnage de Franquesnay. Face à l’accélération des persécutions contre sa communauté confessionnelle, il prend la plume pour dénoncer la violation des consciences et proposer une solution pragmatique à son souverain, celle de la tolérance civile des religions. Un an après la publication de son traité, la Révocation de l’édit de Nantes l’oblige à se convertir au catholicisme et ce n’est qu’à l’été 1687 qu’il s’exile en Hollande où il retourne au protestantisme et commence une nouvelle vie. Au Refuge huguenot, il retrouve son frère Jacques Basnage ainsi que le philosophe Pierre Bayle qui lui offre l’opportunité de devenir journaliste et de faire son entrée dans la République des Lettres. Grâce à son Histoire des ouvrages des savans (1687-1709), il participe à la diffusion des connaissances scientifiques et littéraires et s’érige en intermédiaire entre les lettrés européens. Il propose également une révision du Dictionnaire universel d’Antoine Furetière et réédite les œuvres juridiques de son père. Continuant de défendre l’idée que la tolérance civile des religions est la solution la plus acceptable face au morcellement de la chrétienté, il participe également à la controverse inter et intra confessionnelle de son temps, s’opposant en particulier au pasteur Pierre Jurieu. Il décède à La Haye en 1710, loin de sa patrie. Par une approche à la fois sociale, culturelle et intellectuelle, cette biographie interroge les singularités de l’identité d’un huguenot de la fin du XVIIe siècle, mais également la façon dont ce dernier perçoit le monde et se comporte face aux obstacles auxquels il est confronté.
Jérémy Young | UBS | 17 décembre | Forcé à servir, étude comparative du recrutement maritime dans les marines de guerre en France et en Grande Bretagne (1756-1783)

Direction: Sylviane Llinares

Charlotte Choisy | UBS | 18 décembre | Céramiques : Fonctions et contenus. Pratiques alimentaires dans l’ouest de la Gaule d’après les données archéologiques et archéométriques.

Direction : Dominique Frère

Ce travail de thèse est dédié à l’étude de la Cuisine comme marqueur socioculturel, à l’Âge du Fer, à travers l’analyse du mobilier céramique. Un corpus de 1072 vases, issus de 64 sites domestiques, localisés dans les actuelles régions de Basse-Normandie et de Bretagne, a donc été constitué. Grâce à la création d’un protocole d’étude inédit, une typologie fonctionnelle de ces objets, selon la chaîne opératoire culinaire (soit du garde-manger à la table), a pu être proposée pour chaque région. Leur stabilité tout au long de la période suggère une transmission intergénérationnelle des manières de cuisiner. Les possibilités culinaires des poteries définies, la vaisselle a été confrontée aux autres données liées à l’alimentation (e.g. ressources, mobilier non céramique, structures de stockage et de combustion…). Toutes ces informations permettent de proposer un modèle alimentaire original pour chaque zone étudiée, malgré un fonds commun, tel l’emploi privilégié d’un couvert personnalisé lors du repas. Ainsi, les techniques culinaires diffèrent : le pochage semble privilégié en zone armoricaine tandis que la vaisselle des populations de l’Ouest du Bassin parisien est majoritairement adaptée aux cuissons mijotées. De plus, la présentation des mets apparaît comme une composante essentielle des sites armoricains, et ce dès la phase de préparation culinaire. À l’opposé, une utilisation du plat de cuisson comme plat de service semble typique des occupations de la Plaine de Caen. Une plurifonctionnalité raisonnée des céramiques apparaît alors, impliquant des frontières floues entre les diverses fonctions culinaires : stockage, préparation, cuisson, présentation et consommation.
Paul-Henri Lécuyer | UA | 20 décembre | Les chartes de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur et de ses prieurés de la France de l’Ouest (milieu Xe – XIIIe siècles)

Direction: Jean-Michel Matz et Carole Avignon

Le sujet de cette thèse est l’étude des pratiques et usages de l’écrit diplomatique des moines de l’abbaye Saint-Florent de Saumur, de 950 environ – date à laquelle les religieux ont été installés à Saumur par le comte de Blois Thibaud le Tricheur – à l’année 1203, qui correspond à la fin de l’abbatiat de Mainier, un des derniers grands abbés florentins.
Par un examen approfondi du très riche fonds d’archives diplomatiques de l’abbaye saumuroise, nous avons souhaité dégager les traits caractéristiques de celui-ci, tant du point de vue de la forme que du contenu des actes, appréhender la manière avec laquelle les religieux géraient ces flux documentaires, notamment au travers des différents modes de tradition tels que les copies sur parchemin, les pancartes, les rouleaux et les cartulaires et, surtout, analyser les implications de l’acte d’écrire à Saint-Florent, en tenant compte des mutations à l’oeuvre aux cours des Xe, XIe et XIIe siècles, et évaluer la place tenue par l’écrit dans le fonctionnement « quotidien » de l’institution, dans l’affermissement de son pouvoir temporel, mais aussi dans le processus de construction et d’affermissement de son identité.