Soutenances 2020

Stéphane WANDRIESSE | UA | 30 juin 2020 | Le jardin potager au regard des médias dans la France du second XXe siècle

Direction: Yves Denéchère , co-direction: Cristiana OGHINA-PAVIE

Si le jardin potager a souvent intéressé les sociologues, celui-ci a en revanche peu suscité de productions d’historiens, l’absence de sources constituant un obstacle majeur. Néanmoins, en choisissant une approche originale reposant sur la mobilisation des médias, magazines, presse quotidienne régionale, radio et télévision, il a été possible de constituer différents corpus afin de pallier ce manque. Malgré les limites inhérentes à ces sources, de par leur caractère idéal et prescriptif, il s‘est agi ici de les interroger dans leur capacité à transmettre l’héritage culturel du potager dans la France du second XXe siècle. Un triple éclairage a été privilégié, technique, culinaire et social. En effet, il nous est apparu essentiel d’envisager le potager sous plusieurs facettes complémentaires : celle relative au savoir-faire productif ; celle de l’utilisation a posteriori de ses produits ; celle enfin des liens sociaux qui s’établissent en son sein ou autour de lui. Les sources offertes par les médias ont été analysées de manière à dégager l’évolution de leur contenu durant une cinquantaine d’années, à étudier les procédés éditoriaux requis dans la transmission, mais aussi à identifier les différents acteurs y prenant part. La figure du jardinier s’y dévoile également dans ses transformations, dans une France qui connaît alors de nombreux bouleversements socio-économiques et institutionnels. De nécessité, le potager devient un espace remplissant de multiples fonctions : réalisation de soi, éducation au goût, insertion sociale, conservation d’un patrimoine, vecteur d’écologie et sensibilisation à l’environnement.

Edern OLIVIER JEGAT | UBS | 31 août 2020 | Océans et marine française en paix. Missions et stations navales (1763-1792)

Direction: Sylviane LLINARES

L’objet de cette étude est de comprendre les missions attribuées aux bâtiments militaires durant les deux périodes de paix de la fin de l’Ancien Régime (1763-1777 et 1784-1792) et d’en restituer la genèse, la typologie et l’évolution. La reconstitution d’un inventaire exhaustif de la flotte en mer laisse observer une activité navale inédite en période de paix. Loin d’être atones, les séquences de paix étudiées constituent pour la Marine une période ressource ainsi que le creuset d’un examen doctrinal autour du principe de la permanence à la mer. En paix, la Marine est libérée de ses astreintes purement militaires et ouvre sa sphère d’activité : lutte contre la contrebande et la piraterie, exploration, hydrographie, diplomatie, logistique, formation, etc. Inscrite dans un contexte de rivalités exacerbées, la projection d’unités de guerre s’avère par ailleurs mondiale et répartie au sein de stations navales. Le sujet mobilise différentes approches – politique, géostratégique, technique, et humaine. Il s’agit de comprendre comment fonctionnent ces outils de projection ultramarine, sur quels rapports de forces ils s’établissent et d’observer les lieux qui les concentrent ou au contraire les dispersent. En mer, comme à terre, la problématique intègre tous les aspects de la logistique marine à l’échelle locale, régionale et mondiale.

Pierre-Yves QUEMENER | UA | 25 septembre 2020 | Le nom de baptême au XVème et XVIème siècles. L’observatoire breton

Direction: Michel Nassiet, professeur émérite UA

Cette thèse étudie la prénomination aux XVe et XVIe siècles en Bretagne, non pas tant pour réaliser une monographie sur cette région que pour élaborer systématiquement des corpus qui sont comparés ensuite à des données d’autres régions. La méthode comparative est utilisée en effet pour faire apparaître, par-delà points communs et spécificités, des éléments d’explication : des intentions et des motifs. C’est en ce sens que la Bretagne est ici d’abord un observatoire. La thèse ambitionne ainsi de combler une lacune en tâchant d’approcher les motivations de la nomination. Les données bretonnes permettent de proposer une typologie des répertoires, d’analyser ceux-ci, et de mesurer leur évolution. La thèse étudie la place du nom de baptême au sein du système anthroponymique et le rôle des parrains et marraines dans les processus de dation du nom. Elle aborde la nomination sous des angles multiples : statistique, généalogique, littéraire, philosophique, dévotionnel ou culturel. Elle étudie les fonctions du nom de baptême et le poids des influences religieuses, familiales, sociales et culturelles. Il s’avère que la Renaissance est une époque où l’on remet en cause la croyance en l’efficience des noms et où l’on s’appuie avec force sur les liens du compérage. Enfin, en étudiant les corrélations possibles avec le statut social, les systèmes familiaux, les frontières linguistiques, la thèse propose l’hypothèse d’un lien entre anthroponymie féminine et type de relations de solidarité aux XVe et XVIe siècles.

Guillaume BECKERT | LMU | 12 novembre | La solidarité en temps de guerre (1914-1918)

Direction: Hervé Guillemain

Christophe TROPEAU | UBS | 20 novembre | La sociabilité associative dans les communes rurales du département de la Mayenne des années 1830 aux années 1930

Direction: François Ploux

Cercles, corps de sapeurs-pompiers, associations musicales, sociétés conscriptives, clubs sportifs, amicales d’anciens élèves, amicales d’anciens combattants : des années 1830 aux années 1930, dans les campagnes du département de la Mayenne, représentatif de la France de l’Ouest, les cadres associatifs de la sociabilité, définie comme l’ensemble des liens sociaux créés pour eux-mêmes, pour le plaisir du lien, se multiplient. Cet essor témoigne d’une mutation profonde, qui, sur la période considérée, voit s’effacer une culture coutumière, attachée à la tradition, au profit d’une culture formalisée, promue par les notables ruraux.

Isabelle BERSON | UA | 16 décembre | Les élites municipales d’Angers de 1475 à 1522

Direction: Thomas Deswarte

À travers l’étude des élites municipales, de leurs familles et de leur trajectoire, il s’agit d’éclairer la société urbaine angevine, société peu connue pour notre ville. La création de la mairie en 1475 par Louis XI ouvre le sujet. A la faveur d’une lacune documentaire des registres de délibérations, j’en ai posé le terme en 1522. L’objectif est d’apporter pour Angers une dynamique nouvelle à l’étude des rouages du pouvoir, notamment en termes d’ascension sociale et de mise en place de réseaux. Les données matérielles dégagées par l’étude des bases de la notabilité vont nous permettre de cerner les pratiques d’un groupe social défini. L’objectif est d’alimenter l’histoire sociale tout en renouvelant l’étude de l’institution puisqu’elle est intimement liée aux hommes qui la composent. Suivant la problématique de l’ascension sociale, je me suis donc attachée à dégager les éléments dans le parcours des maires et échevins, dans leurs relations familiales, leurs alliances en sens large et dans leur gestion de patrimoine pour démontrer les étapes de l’ascension sociale, en remontant plusieurs générations en avant pour mesurer le parcours de ces familles.

Coline RONDEAU | UA | 17 décembre | Réfugiés kurdes de Turquie dans l’Ouest de la France et en Belgique de 1977 à nos jours

Direction: Yves Denéchère Co-direction: Hassan Boussetta, (FNRS, U. de liège); Co-encadrante: Chadia Arab (CNRS, ESO UMR6590)

Dans une perspective croisée, notre étude s’appuie sur des sources écrites et orales inédites qui mettent en évidence des enseignements socio-historiques des migrations des Kurdes de Turquie dans l’Ouest de la France et en Belgique. Les différents temps des migrations (accords de main-d’œuvre, regroupements familiaux, demandes d’asile) des Kurdes ont permis de retracer les « carrières migratoires » de ces hommes et de ces femmes. Leurs parcours migratoires sont au croisement de parcours administratifs et de parcours de vie qui interrogent les conditions de vie, les circulations des Kurdes en Turquie (déplacements forcés, service militaire, protecteurs de villages) et leurs migrations vers la France et la Belgique (routes empruntées, transports utilisés). Leurs installations et déménagements successifs les confrontent à des procédures administratives diverses (demandes d’asile, invitations à quitter le territoire, regroupements familiaux, mariages, naturalisations) nécessitant des stratégies de visibilisation et/ou d’invisibilisation, la mobilisation de réseaux et de solidarités multiples (villageoises, familiales, amicales, politiques). Les différentes générations de Kurdes recomposent des territoires, créent des associations déplaçant, de fait, le conflit turco-kurde en raison d’appartenances plurielles. Ces espace-temps des « carrières migratoires » des Kurdes interrogent les normes, les subjectivités, les expressions de la kurdicité et les rapports entretenus par les Kurdes avec leurs terres d’origine.

Justine MORENO | UA | 17 décembre | La Chambre des comptes d’Angers (XIVe-XVe siècles). Histoire de l’institution et prosopographie du personnel

Direction: Isabelle Mathieu

La Chambre des comptes d’Angers constitue l’un des rouages centraux du gouvernement ducal dans l’apanage de la seconde maison d’Anjou aux XIVe et XVe siècles. Dotée d’un large éventail de prérogatives domaniales, financières et judiciaires, l’institution veille à l’intégrité territoriale et comptable des princes angevins en assurant d’une manière générale la gestion, le contrôle et la conservation de leur patrimoine (foncier et financier). Combinant une approche quantitative et qualitative, l’analyse des registres de la Chambre des comptes entre 1380 et 1484 tente de dessiner un portrait général de l’institution et de son personnel, en s’attachant aussi bien à décrire le travail quotidien effectué en faveur des finances angevines que la vie sociale des individus attachés au service du prince. Envisagée comme une contribution à la sociologie de l’« État angevin », cette étude se propose d’analyser les dynamiques institutionnelles et sociales à l’intérieur des structures dirigeantes de l’apanage d’Anjou-Maine entre le milieu du XIVe siècle et la fin du XVe siècle. En croisant l’histoire de la Chambre des comptes d’Angers et celle du personnel attaché à son service, elle cherche à déterminer dans quelles mesures l’institutionnalisation des fonctions exercées par les gens des Comptes amorce la formation d’une identité professionnelle ou sociale spécifique dans ce milieu d’administrateurs. L’étude prosopographique de ces officiers permet de cerner les contours sociologiques de ce groupe à travers les trajectoires individuelles ou collectives de ses membres et de leurs carrières. Ces dernières montrent notamment les processus par lesquels l’individu s’identifie au reste du groupe et assimile certaines valeurs de travail ou certaines attitudes sociales qui structurent cette communauté d’officiers en formation.