Soutenances 2022

Margot GEORGES | UA | 7 avril 2022 | Les chercheur.se.s en laboratoire et leurs archives. Représentations et pratiques dans les sciences du végétal

Direction: Patrice Marcilloux

En France, depuis les années 1980, les archives de la recherche ont fait l’objet d’une attention certes croissante de la part des archivistes mais dans un contexte principalement professionnel. Parallèlement, dans la recherche en archivistique, la place des archives dans la société et leur valeur pour les individus constituent un courant de recherche émergent mais qui s’attache très peu aux producteurs d’archives. Ce travail se situe à la rencontre de ces deux voies d’approche en croisant l’étude des représentations des archives chez leurs producteurs et celle des problématiques liées aux archives de la recherche. Les sciences du végétal forment un terrain heuristique, notamment parce qu’il existe un fort attachement des chercheur·se·s à leur objet d’étude : le végétal, considéré par certains comme « une archive » à part entière. Enquêtes quantitative et qualitative permettent d’adopter plusieurs perspectives sur les perceptions des archives par les chercheur·se·s en sciences du végétal et de faire dialoguer ces représentations avec la pratique archivistique. Ce travail analyse également la place que les archives occupent dans le quotidien des chercheur·se·s et ce qu’elles permettent de comprendre de leur comportement. Mettant en valeur des pratiques ordinaires d’archivage dans un univers contraint, cette thèse interroge le rôle des archivistes dans l’opération de mise en archives, avec d’autant plus d’acuité que les archivistes formés y sont rares. Plus largement, elle démontre l’importance qu’il y a, en archivistique théorique comme appliquée, à mieux prendre en considération la grande diversité de représentations que les archives peuvent nourrir ou susciter.

Véronique BIGNON | UA | 24 novembre 2022 | Approvisionnements alimentaires et société dans les campagnes du Nord-Ouest du Bas-Maine au XVIIIème siècle

Direction: Florent Quellier

Cette thèse de doctorat a pour ambition d’approcher le fonctionnement de l’ensemble d’une société rurale de l’Ancien Régime par le prisme de ses approvisionnements alimentaires, dans un contexte de culture de la faim qui fait de l’accès aux subsistances une obsession lancinante. La zone explorée se concentre sur le nord-ouest du Bas-Maine, c’est-à-dire sur la partie de la province qui est la plus proche des frontières normande et bretonne, et la plus éloignée des grands axes de circulation. L’hypothèse d’un beau XVIIIe siècle pour ce territoire apparaît contrasté. Si le modèle productif, grain-élevage-filage assure une certaine sécurité, il porte aussi en lui le germe de la médiocrité des performances agricoles et l’incapacité chronique à subvenir aux besoins alimentaires de la population. Les rendements du sarrasin rythment les périodes de profusion et de pénurie et annoncent les crises alimentaires et sanitaires. Dans cette région, où près de 90 % de la population vit dans des métairies, closeries, ou loges disséminées au milieu des champs, le plus souvent « dans le fond d’une campagne » très éloignée des centres urbains, les approvisionnements alimentaires reposent d’abord sur l’autoconsommation. Pour autant, il apparaît que les lieux de vente accessibles aux habitants des campagnes sont variés, souvent protéiformes, quasiment présents sur tout l’espace, et que la société rurale, dans son ensemble, participe à la fourniture d’aliments, que ce soient les curés, les meuniers, les fabriques, les métayers, les closiers, les marchands, les gros propriétaires, les colporteurs, et même les plus pauvres qui prennent le risque de ramener du sel de Bretagne ou de l’eau-de-vie de Normandie. Si l’habitant des campagnes se satisfait d’un régime alimentaire routinier et frugal à base de lait, de beurre, de pain de sarrasin, de soupe, de pommé ou de cerisé, il a besoin d’espaces compensatoires pour supporter ses privations. Les festins des noces, les ripailles de la fête des rilles ou de la gerbe sont autant de moment à saisir et à vivre pleinement. L’expression de ces festivités dévoile certains traits de l’identité culturelle du Bas-Maine, de même que quelques aliments apparaissent comme des marqueurs sociaux. Enfin, les investigations menées dans les fonds des campagnes du Bas-Maine apportent la preuve d’une culture alimentaire propre, même si elle est partagée avec la Bretagne et la Normandie.

Marine GILIS | UA | 13 décembre 2022 | Du privé au politique, du politique au privé. L’expérience de libération sexuelle des militantes du Mouvement des femmes en Bretagne et Pays de la Loire (1970-1981)

Direction: Christine Bard

En 1970 émerge en France le Mouvement de libération des femmes (MLF), dans la foulée du mouvement de Mai 68. Des femmes se regroupent pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes et contre la domination masculine. Des dynamiques locales particulières existent comme parfois une distanciation avec un MLF perçu comme parisien, dont cette thèse souhaite rendre compte par le choix de l’expression « Mouvement de femmes » plutôt que MLF. La Bretagne et les Pays de la Loire sont deux régions fortement marquées par une tradition religieuse catholique et par des mobilisations sociales qui construisent une certaine identité historique et culturelle régionale. Les militantes féministes de l’Ouest, comme dans le reste de la France, luttent d’abord pour l’accès à la contraception et la légalisation de l’avortement. Elles s’emparent d’autres sujets tels que le viol, les violences conjugales, la réification du corps des femmes. Elles s’interrogent sur l’identité et la sexualité lesbienne et portent l’affirmation que le privé est politique. Une certaine « libération sexuelle » se traduit par des changements législatifs ainsi que par une transformation des modèles familiaux et relationnels. Cette thèse interroge la « libération sexuelle » perçue et vécue par les militantes bretonnes et ligériennes au regard de leur parcours féministe. Elle en mesure les traductions personnelles comme les limites.