Par Philippe Blaudeau, professeur d’histoire romaine à l’Université d’Angers.
Mémorable, le premier témoignage concernant la présence du christianisme en Gaule consiste dans le récit des martyrs de Lyon (177). Écrit peut-être par Irénée, il signale une première dynamique d’un phénomène qui change de nature et d’ampleur avec le tournant constantinien (312-337). En un peu plus d’un siècle, la Gaule multiplie son nombre de sièges épiscopaux par cinq et se distingue par la renommée de ses figures telles qu’Hilaire de Poitiers et Martin de Tours. Aussi, encadrée par une institution structurée, l’Église, cette religion est-elle en mesure de jouer un rôle décisif, lorsqu’au milieu du Ve s., l’autorité impériale romaine décline avant de disparaître?
Les Nocturnes de l’Histoire, 3e édition!
Le laboratoire TEMOS participe à la troisième édition des Nocturnes de l’Histoire, une manifestation organisée par les quatre sociétés d’historiens de l’enseignement supérieur et de la recherche (SoPHAU, SHMESP, AHMUF, H2C-exAHCESR) afin de promouvoir une diffusion large du savoir historique et en rendant accessibles les résultats de la recherche au public le plus large.

A Angers, deux propositions de rencontre avec l’Histoire:
Abraham, Marie, Jean ou Rachel… Les prénoms des protestants en France aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles
Le choix d’un prénom ne laisse pas indifférent. En témoigne par exemple la publication annuelle du palmarès des dix prénoms les plus données aux filles et aux garçons à partir des chiffres de l’INSEE. De nombreuses études s’intéressent aux prénoms : leurs modes, leur sociologie, leur possible marque d’acculturation… Et même le cinéma (Le Prénom, 2012). Si aujourd’hui on déclare la naissance d’un enfant avec son prénom à la Mairie, autrefois, avant la mise en place d’un état civil laïque en 1792, c’était au baptême que l’enfant recevait officiellement son prénom, noté ensuite dans le registre des baptêmes. Lors d’une conférence à deux voix seront évoqués les thèmes suivants. Les règles imposées par les Églises réformées de France. L’enregistrement des baptêmes d’enfants protestants entre 1559 et 1792, que ce soit quand le protestantisme est autorisé dans le royaume, ou quand il est interdit. Les noms les plus choisis pour les enfants protestants ; quelles différences avec ceux des familles catholiques ? Les règles de transmission d’un prénom. Les étapes qui ont conduit à l’établissement, en 1792, d’un état civil laïque pour tous, catholiques, protestants et juifs.
Renseignements
Ecopoiésis. Comment reconsidérer les relations entre l’humain et son environnement grâce à l’anthropologie du monde grec antique ?
Dans le cadre des Nocturnes de l’Histoire, le programme HESIODE (Histoire et Epistémologie des Savoirs et Idées aux Origines de l’Ecologie) organise une conférence dialoguée avec le public, intitulée « Ecopoiésis. Comment reconsidérer les relations entre l’humain et son environnement grâce à l’anthropologie du monde grec antique ? »
Claude Calame, anthropologue spécialiste de la Grèce ancienne, Directeur d’études à l’EHESS (UMR ANHIMA 8210), présentera son livre L’uomo e il suo ambiente. Al di là dell’opposizione natura/cultura (Palermo, Sellerio, 2021).
William Pillot, Maître de Conférences en histoire du monde grec antique à l’UA (UMR TEMOS 9016) et porteur du programme HESIODE, animera le débat qui suivra avec le public, en posant la question de la façon dont la tradition grecque antique peut aider à penser la crise écologique actuelle.
Renseignements
Le fromage est apparu en Méditerranée et en Europe au VIème millénaire av. J.-C. Dans un cadre très général de « produit laitier » ou de « conserve de lait », il est possible d’écrire une histoire du lait, du fromage et du beurre directement liée à une histoire universelle ou régionale de l’alimentation et de l’élevage. Mais si l’on pose la question précise de savoir à quoi ressemblaient les fromages de nos ancêtres, que ce soit dans la Préhistoire, l’Antiquité, le Moyen Âge, à l’époque Moderne voire au XIXème siècle, la réponse est plus difficile à apporter car il n’est alors plus possible de raisonner en terme généraliste et abstrait. Il ne faut plus considérer « le fromage » au singulier (comme un ensemble abstrait), mais « les fromages » au pluriel, dans leur unicité, leur pluralité et leurs diversités locales et chronologiques. Toutefois, les fromages, en tant qu’objets du passé ne peuvent être présents dans des musées puisque leur nature organique et leur fonction alimentaire ne permettent
pas leur conservation. Ce sont des objets disparus et avec eux une mémoire qui était souvent orale (celle des bergers, des paysannes). Restent les sources historiques (textes, images) et archéologiques (faisselles en céramique), les témoignages ethnologiques et, parmi ceux-ci, ce qui appartient au domaine du patrimoine technique, à savoir le matériel en céramique, en
bois, en vannerie et en métal qui a servi à la production du fromage dans différentes régions et à différentes époques. A partir de la synthèse de ces sources, peut être proposée une reconstitution des gestes et techniques, de quelques outils disparus de la fromagerie pour une découverte ou une (ré)invention de fromages disparus.
Programme :
Mercredi 8 février, 18h, conférence pour le grand-public :
• Dominique Frère (Université Bretagne Sud), « Archéologie et histoire culturelle du fromage »
Jeudi 9 février, 9h-16h, séminaire-atelier :
• Dominique Frère (Professeur, Université Bretagne Sud), « A la recherche des fromages disparus : le patrimoine technique ».
• Laurent Hugot (Maître de Conférences, Université de La Rochelle), « Archéologie des fromages disparus : le cas des fromages étrusques ».
• Ulysse Bouet (designer), Martha Fély (bergère et artiste), Juliette Tellier (designer),
« La reconstitution de la claie à fromage de Polyphème ».
• Atelier avec les élèves et enseignants du Lycée-agricole de Borgo-Marana.
Mme Mayuho Hasegawa est professeure émérite à l’Université de Tokyo, Komaba, École supérieure des arts et des sciences, Collège des arts et des sciences. Spécialiste de l’histoire culturelle et sociale de la France à l’époque moderne, Mme Hasegawa a consacré une grande partie de ses recherches aux sages-femmes et aux chirurgiens-accoucheurs du XVIIIe siècle. Elle a notamment publié en japonais Études sur la chaise d’accouchement : Anthropologie historique sur les choses et les corps (Tokyo, éditions Iwanami, 2004), une étude sur le chirurgien-accoucheur Guillaume Mauquest de la Motte intitulée Tendre la main : avènement de l’obstétricien (Tokyo, Iwanami, 2011) et Paroissiennes et leur droit de choisir des sages-femmes à la fin de l’époque moderne (Tokyo, UPT, 2018).

Consulter le blog (en français) de Mayuho Hasegawa
Le programme EnJeu[x] Enfance et jeunesse et la Maison de l’Europe Angers Maine-et-Loire s’associent pour une soirée conférence-témoignage avec
Yves Denéchère
Professeur d’histoire contemporaine, Université d’Angers-TEMOS CNRS-EnJeu[x]
et William Falguiere
Administrateur de la Fédération des Associations Franco Allemandes pour l’Europe (FAFA/VDFG)
L’événement vise à faire découvrir les conditions de naissance et le devenir des enfants franco-allemands nés pendant la Seconde Guerre mondiale avec le témoignage de William Falguière qui expliquera comment il s’est construit. Il est né en 1944 de mère française et de père allemand et a assumé toute une vie de silence sur ses origines.

Du mythe de Midas à la monnaie qui corrompt chez Thucydide, l’argent occupe une place ambiguë dans le monde grec antique et présente différentes facettes en fonction des types de sources que l’on sollicite pour l’étudier : si les sources littéraires dénoncent volontiers son pouvoir corrupteur, la documentation numismatique quant à elle montre la monétarisation croissante du monde grec et les enjeux non seulement économiques mais aussi politiques et identitaires qui y sont liés.

Pennequin : ce nom ne résonne plus guère aujourd’hui si ce n’est pour les quelques spécialistes de l’Indochine et de Madagascar ou d’histoire militaire. Comment cet officier, qui opéra sa vie durant entre ces théâtres d’opération, comptabilisant plus de trente-six annuités de campagne outre-mer, ce qui fit de lui un des plus « coloniaux » de son arme, a-t-il disparu des livres d’Histoire ? Penseur de la « pacification » au Tonkin comme à Madagascar, Théophile Pennequin fut aussi un des premiers grands coloniaux « indigénophiles » à prendre la mesure des contradictions internes à une gestion coloniale bien peu respectueuse des dominés, à douter de la politique qu’il contribuait à faire appliquer en Indochine comme à Madagascar et, surtout, à pressentir son obsolescence, tout au moins dans la forme qu’elle prenait. C’est précisément cette tension qui intéresse Jean-François Klein, et les multiples enjeux qui se cristallisent autour de cette figure oubliée du moment colonial.

Présentation de l’ouvrage de Jean-François Klein dans le cadre du Café virtuel de l’APHG (Association des professeurs d’histoire et de géographie)