AAC | Journée d’étude Mémoires honteuses

17 février 2021 par Administrateur
Les chrétiens européens face à leurs passés embarrassants (du Moyen Âge à nos jours) | Date limite 16 avril 2021

Journée d’étude Le Mans Université/TEMOS

9 novembre 2021

Organisateur
Laurent Ropp, doctorant en histoire moderne et contemporaine, Le Mans Université, TEMOS

Argumentaire
Les mémoires collectives semblent se focaliser avant tout sur des événements perçus de manière positive par les groupes porteurs de mémoire, en particulier dans le cadre des communautés chrétiennes. Témoignant de l’accomplissement d’un plan providentiel ou de la fidélité de croyants envers Dieu en dépit des difficultés, les faits mémorisés sont généralement honorables. Pour autant, certains actes commis par des chrétiens peuvent embarrasser leurs coreligionnaires des années ou des siècles plus tard comme la Saint-Barthélemy, dénoncée en 2015 par le pape François1, plus de quatre siècles après la célébration de la tuerie par Grégoire XIII. Les regards portés sur les actes des pères dans la foi peuvent aussi varier à une même époque selon les groupes sociaux comme l’a montré Philippe Joutard2. La honte vis-à-vis d’épisodes du passé est donc bien un phénomène historique, aux origines variées et ressenti différemment dans le temps et en fonction des acteurs.
Cette émotion suscitée par un fait jugé déshonorant est d’abord individuelle mais peut aussi, à l’instar de la mémoire3, être étudiée à l’échelle d’un groupe lorsqu’elle est largement partagée. Les hontes collectives ressenties face à des épisodes encombrants des passés communautaires peuvent ne laisser que de faibles traces, ce qui complexifie leur étude et explique qu’elles soient, dans l’ensemble, restées à l’écart de la recherche. Cette journée d’étude, centrée sur le christianisme en Europe (et ses prolongements coloniaux), vise à les explorer dans la longue durée, du Moyen Âge à nos jours.

Mémoires honteuses - Gravure du massacre de Nîmes en 1567
Le massacre fait à Nîmes en Languedoc la nuit du 1er octobre 1567 | Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Axes thématiques
Les propositions de communication pourront s’inscrire dans les axes suivants (qui ne sont pas exclusifs).
1. Approcher les mémoires honteuses
L’importance de l’oubli, des omissions ou des tabous qui entourent les faits embarrassants du passé pose la question des sources et des méthodes appropriées pour accéder aux mémoires honteuses depuis le Moyen Âge. Les communications pourront mettre en valeur la diversité des approches possibles selon les époques auxquelles les mémoires sont étudiées.
2. Les faits honteux et les acteurs
À côté des violences commises par des coreligionnaires du passé (guerres, massacres, conversions forcées…), d’autres faits peuvent susciter la honte, comme l’abandon de la foi, voire la naïveté face à des violences subies. Par ailleurs, qui a commis des faits honteux et qui a honte ? L’opprobre est-il jeté sur une partie seulement de la communauté religieuse ? L’expression de la honte est-elle un moyen de distinction sociale ?
3. Face aux passés honteux
On réfléchira aux moyens déployés en vue de perpétuer l’oubli et à la rhétorique mise en œuvre pour arranger les faits à l’avantage des porteurs de mémoire. Les contributions pourront également examiner les demandes de pardon et leurs effets à différentes échelles : la reconnaissance des faits du passé par des représentants de deux confessions permet-elle d’améliorer la coexistence interconfessionnelle ?

Modalités de contribution
Les propositions (un titre et un résumé de 300 mots au maximum), accompagnées d’un bref CV, doivent être envoyées à Laurent Ropp (laurent.ropp@univ-lemans.fr) au plus tard le 16 avril 2021 .

Comité scientifique
Céline Borello, professeure d’histoire moderne, Le Mans Université, TEMOS
Laurent Ropp, doctorant en histoire moderne et contemporaine, Le Mans Université, TEMOS

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