Si selon son propre témoignage, le premier ouvrage de Thérèse de Carthagène fit scandale à la fin du XVe siècle, son œuvre connut une faible diffusion et elle demeura confidentielle pendant plusieurs siècles. Ses travaux furent redécouverts au début du XXe siècle dans l’unique manuscrit qui les conservait, à la bibliothèque du palais de l’Escurial, près de Madrid. Un chercheur en littérature, Manuel Serrano y Sanz, remarqua qu’il s’agissait du plus ancien texte produit par une main féminine en vernaculaire castillan. Il réalisa la première édition du second traité de Thérèse, l’Admiration des œuvres de Dieu. L’œuvre ne passionna cependant pas immédiatement les milieux scientifiques. Il fallut attendre plus d’un demi-siècle et l’édition critique des deux textes du Bosquet des malades et de l’Admiration par l’hispaniste états-unien Lewis Hutton, qui s’accompagnait d’une solide étude, pour qu’elles devinssent un jalon majeur des études littéraires hispaniques, autant dans la péninsule Ibérique que dans le monde anglophone.
Thérèse de Carthagène et ses œuvres n’ont en revanche suscité aucune recherche en dehors des domaines hispanophone et anglophone. L’ouvrage de Ghislain Baury se propose de corriger cette anomalie en signalant tout l’intérêt des œuvres et du personnage de Thérèse de Carthagène, autant sur le plan littéraire qu’historique. Ses œuvres donnent à connaître une parole féminine détonante dans le domaine de la spiritualité, à une époque pour laquelle nous conservons peu d’exemples de passage à l’écrit. Les maigres informations disponibles sur sa trajectoire personnelle révèlent par ailleurs un destin très original, tout en s’inscrivant pleinement dans les évolutions sociales et culturelles de la Castille des Rois Catholiques. Son statut de religieuse ou peut-être d’ex-religieuse, sa culture autant universitaire que courtoise, lui permettent d’occuper une place à part dans la déclinaison hispanique de la Querelle des Femmes. Puisse cette première traduction française, réalisée à partir des textes établis par Clara Esther Castro Ponce, susciter autant de nouvelles recherches dans le monde francophone que la traduction anglaise proposée par Dayle Seidenspinner-Núñez dans le monde anglophone !
Le 28 mai, Ghislain Baury présentera son ouvrage, la première traduction critique en français des deux traités composés par Thérèse de Carthagène à la fin du XVe siècle, le Bosquet des malades et l’Admiration des œuvres de Dieu. L’occasion de découvrir l’importance de ces œuvres pour les études ibériques, les études sur le genre et les études sur la santé et le handicap.
En voici la présentation en vidéo:
La conférence sera traduite de manière simultanée en LSF.
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