Les objets du passé : construction des savoirs, évolution des perceptions

14 septembre 2021 par Administrateur
Journée d’études de l’axe 2 | Le Mans | Mercredi 29 septembre 2021

Georges Perec, dans son roman Les choses, aborde la place démesurée qu’occupent les objets au sein de notre société de consommation. Et il nous explique que le besoin que nous avons des objets tient plus à leur mythologie qu’à leur matérialité. La matérialité de l’objet c’est l’usage pour lequel il a été élaboré, fabriqué, puis utilisé. La mythologie de l’objet, c’est la perception collective de celui-ci, le discours qui peut le faire passer de « l’infra-ordinaire » à l’extraordinaire, du statut d’objet banal à celui d’objet marquant et signifiant.

Tout objet, quel que soit son statut, a une finitude liée à celle de la société au sein de laquelle et pour laquelle il a été conçu. Abandonné, ou soigneusement conservé pour des raisons mémorielles ou patrimoniales, l’objet du passé interroge en tant que témoin matériel des générations antérieures, d’une société disparue, d’une culture révolue. Dans le cadre d’une découverte archéologique, on parle d’invention, très beau terme qui renvoie à notre ignorance et au fait que la mémoire de l’objet s’est en partie ou parfois totalement perdue au fil du temps. Inventer un objet du passé, c’est reconstituer sa mémoire, le restituer dans sa matérialité (dimensions techniques et fonctionnelles) et dans sa mythologie (dimensions sémiologiques et polysémiques).

Depuis le regard savant porté par les antiquaires, nombre de disciplines scientifiques appartenant aux sciences humaines et aux sciences de la matière ont construit un solide socle de connaissances sur les objets, des premiers outils du Paléolithique jusqu’aux boîtes de conserve ou les consoles de jeux d’un « passé proche du présent ». Les historiens des savoirs se sont depuis quelques décennies emparés de perspectives et d’outils d’analyse élaborés au sein de l’archéologie, de l’anthropologie culturelle et sociale et de l’histoire économique selon trois perspectives principales : technique (analyse technologique de la culture matérielle, savoirs et savoir-faire), sociale, culturelle et économique (usages sociaux, construction des identités) et biographique (transformations physiques, usuelles, symboliques de l’objet).

Une première journée d’études de TEMOS portant sur « les objets du passé : construction des savoirs, évolution des perceptions » propose d’étudier autour de ces trois approches la gamme des « objets » que rencontrent les historiens des sciences et des savoirs, dans une volonté d’interaction entre les disciplines et de large ouverture thématique.

Conque de Terre-Neuvas, objet du passé
Conque de Terre-neuva | https://histubs.hypotheses.org/category/exposition-numerique-2020

Programme

10 h – 12 h 30 Session de communications

Sylviane Llinares (TEMOS, UBS) : De la maquette au diorama : des mondes maritimes en miniatures à partir de quelques exemples, XVIIe-XIXe s.
Isabel Bonora (Musée d’archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye) : Le moulage du char de Strettweg (MAN): une histoire de l’archéologie
Anaïs Got (TEMOS, UA) : Essayer pour rationaliser un objet vivant : le travail des stations d’essais de semences (XIXe-XXe siècles)

Discussion des communications

14 h – 16 h Table ronde et perspectives

Table ronde animée par Dominique Frere (TEMOS, UBS), Cristiana Oghina-Pavie (TEMOS, UA) et Nathalie Richard (TEMOS, LMU).

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