Carrières monastiques et méritocratie scientifique dans l’église séculière du XIIIe siècle: autour de Jean de Tolède, abbé de l’Épau puis cardinal
Colloque international, Abbaye Royale de l’Épau (Le Mans), 14-15 octobre 2025
Jean de Tolède, un des membres les plus influents du collège des cardinaux entre 1244, date de son accession au cardinalat et 1275, date de sa mort, reste un personnage encore mal connu malgré sa notoriété et son influence au XIIIe siècle. Le lien récemment établi avec Jean, premier abbé de l’Épau, auquel on peut l’identifier, révèle à la fois la richesse du parcours du personnage et l’intérêt qu’il peut y avoir à s’intéresser de près à cette figure et à son parcours, ainsi qu’au milieu intellectuel et politique au sein duquel elle évolue. Anglais de naissance, il suivit un cursus universitaire qui le mena jusqu’à la dignité de docteur en théologie, sans que sa présence ne soit pour l’instant attestée à Oxford ou à Paris. Médecin reconnu, arabisant et hébraïsant, alchimiste et astrologue, il avait peut-être acquis son savoir auprès des ouvrages spécialisés arabes conservés en nombre dans les bibliothèques de la ville de Tolède, ce qui expliquerait l’origine de son surnom, même si les circonstances de son éventuel séjour ne sont pas connues. Moine cistercien, il passa par l’abbaye de Clairvaux avant d’être élu vers 1230 premier abbé de l’Épau, la fondation mancelle de la reine douairière d’Angleterre, Bérengère de Navarre. Il déploya à partir de ce moment une importante activité au sein du chapitre général de Cîteaux, ce qui le conduisit à échanger avec la Curie romaine, puis à être appelé en Italie en 1241 pour participer au concile. Promu à la pourpre cardinalice par Innocent IV en 1244, il fut à la fois un fervent défenseur de l’ordre cistercien, gagnant le surnom de « cardinal blanc », et de l’Église anglaise. Ce parcours interroge les mécanismes permettant une telle ascension et ce basculement du monde des réguliers vers les hautes sphères ecclésiastiques au XIIIe siècle. Cette rencontre vise donc à éclairer la trajectoire qui le conduisit de sa naissance en Angleterre au rôle important qu’il joua à la Curie pendant plus de trente ans, à un moment crucial de l’évolution politique et intellectuelle de l’Occident médiéval.
Les contributions examineront donc les milieux et les institutions traversées par Jean de Tolède, afin de comprendre les liens qu’ils pouvaient entretenir. Elles pourront notamment traiter :
– Le lien entre les Universités, et en particulier les études en théologie, le monde monastique et les hautes sphères ecclésiastiques de la première moitié du XIIIe siècle. Dans quelle mesure les ordres monastiques poussaient-ils leurs membres vers ce sommet des études ? Quels bénéfices la présence de théologiens offrait-elle à la Curie romaine ?
– Le rôle du savoir scientifique, et notamment de la médecine, dans la promotion au sein des ordres réguliers et du haut clergé.
– Le fonctionnement du Chapitre Général cistercien et les mécanismes du choix de ses intermédiaires pour échanger avec Rome.
– Le rôle de « protecteur de l’ordre cistercien » au sein du collège cardinalice : existait-il des lobbies des ordres réguliers dans la Curie ?
– Le rôle de défenseur de l’Église d’Angleterre dans la même institution : en quoi les origines géographiques déterminaient-elles le positionnement politique des cardinaux ?
Les propositions de communications, de 1500 à 2000 signes, espaces compris, sont attendues pour le 3 février 2025. Elles seront envoyées à l’adresse colloquejeandetolede@univ-lemans.fr.
Le colloque donnera lieu à un volume collectif dont les textes seront attendus pour le printemps 2026.
Langues de travail : français, anglais
Télécharger ici l’appel à communication en français ou en anglais.